Recevoir…
Comment ce simple mot peut-il évoquer autant de controverse en nous. Qu’avons-nous donc hormis de nous livrer dans l’apprentissage de ce verbe? Recevoir vous savez, est pourtant une si belle façon de se donner à l’autre; alors pourquoi éprouver tant de culpabilité?
Lorsque nous recevons, nous accueillons l’autre à l’intérieur de ce que nous sommes. Et pour bien le faire, nous avons d’abord et avant tout, pris le temps de préparer la place. Nous avons créé de l’espace pour lui permettre de bien respirer. Nous avons changé certains objets d’endroit afin que cette personne puisse se déplacer et se sentir chez elle. Nous avons aussi nettoyé ce qui était déjà là… par respect pour notre invité, lui offrant ainsi la chance de rester lui-même et de nous montrer peu à peu ses propres couleurs. Puis nous avons ouvert, sans savoir, sans attendre. Nous sommes demeurés là dans la réceptivité… prêt à recevoir.
Mais vous savez cela déjà.
La difficulté se situe là où nous désirons plus que tout faire cette place… et que nous sommes devant l’éventualité qu’il nous faut peut-être donner pour en arriver là! Donner pour recevoir alors que nous ne savons pas si cela correspond à nos attentes. En aurons-nous plus ou moins?
Donner devient souvent ce devoir qu’il nous incombe de faire, et nous le percevons plutôt comme une perte tant nous sommes attachés aux choses. Pourtant ce que nous possédons nous retient dans un espace temporel où la vie ne circule déjà plus. Nous créons la perte lorsque nous croyons perdre et nous créons le manque lorsque nous croyons ne pas en avoir suffisamment. Le recevoir nous propose donc un acte de charité et en même temps, une cession, un lâcher-prise; alors que la non-réceptivité traduit un état bien égoïste, un état qui nous isole en dedans.
Cet ami qui vient nous visiter, se sentira à sa place si nous avons pris le soin de tout vider… de se vider soi-même pour l’accueillir entièrement, comme nous aimons être accueillit à notre tour. Puis, profitons des beautés qu’il a à nous offrir en restant ouvert à ce qu’il est. Nous n’avons pas à tout aimer, ni à tout accepter, mais prenons le temps de le reconnaître comme nous aimons être reconnu nous aussi pour ce que nous sommes.
«Reçoit comme tu désires être reçu lorsque c’est toi qui se donne».
Isabelle Pitre
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