Nos Biotech en arrachent!
Ce n’est pas nouveau depuis environ 10 ans les entreprises de Biotechnologies du Québec ont de la difficulté à joindre les deux bouts. Bien sûr à cause des crashs boursiers, mais aussi parce que ces compagnies travaillent beaucoup dans la recherche de principes actifs et d’effets prometteurs avec des produits de source naturelle. Même si elles sont largement subventionnées par des organismes affiliés au gouvernement du Québec ou du Canada, le problème est qu’elles ne trouvent plus preneur pour leurs produits dérivés souvent à cause de ces mêmes gouvernements qui les financent.
Rien de tel qu’un bon exemple pour comprendre la situation :
Un chercheur travail dans un centre de recherche sur les produits de la mer et découvre qu’il y a peut être dans la crevette nordique une molécule qui agit sur la régulation du taux de sucre sanguin chez l’humain. Il décide de démarrer sa propre entreprise avec 2 ou 3 collègues afin de trouver cette molécule unique et de peut-être s’enrichir au passage…En présentant les travaux préliminaires à des organismes gouvernementaux, ils réussissent à obtenir des subventions et du financement pour démarrer le projet. Dans le processus de recherche ils font des essais avec les extraits de crevettes et se rendent compte qu’une fraction protéique soluble à l’eau de la crevette offre le meilleur potentiel de contenir la molécule recherché. Ils décident donc de faire une petite étude clinique chez un groupe cible de sujets atteints de diabète de type 2 avec ces protéines de crevette avant d’aller plus loin. Des tests de toxicités ont été fait et comme il s’agit d’un aliment transformé, le produit n’a pas d’effets indésirables et peut être consommé sans danger par voie orale. Pour faire l’étude on met la poudre dans des capsules on s’associe à un ou plusieurs médecins et on test sur des sujets consentants. Surprise! En consommant quatre capsules ou 2gr. de cette poudre de crevette tout les jours pendant trois mois, le patient abaisse de façon significative son taux de glycémie à jeun le matin. Ils sont sur la bonne voie mais avant de trouver la molécule qui donne cet effet (en supposant qu’il n’y en a qu’une) et avant qu’on ait fini les études cliniques demandées pour commercialiser un produit pharmaceutique ça prendra 10-15 ans et des centaines de millions. Ils décident donc de vendre cette poudre de crevette à des laboratoires qui fabriquent des produits naturels. Ceci pourrait leurs permettre d’obtenir une source de revenu non subventionnée et de continuer les recherches jusqu’à la vrai découverte brevetable qui intéressera une grande compagnie pharmaceutique. Par le fait même ils contribueront à la santé des gens puisque le produit fonctionne déjà bien et sans effets secondaires.
Voici un scénario qui a eu lieu au Québec et ailleurs au Canada des dizaines de fois dans les dernières années mais il s’arrête souvent là sans que jamais le produit ne soit commercialisé. La réglementation de Santé Canada sur les produits naturels demande maintenant des preuves presqu’aussi complètes que pour un médicament sous ordonnance et les petites compagnies comme celle décrite ci-haut n’en ont pas les moyens la plupart du temps. Même si leur poudre de crevette n’est pas plus toxique que la crevette elle-même, il faut prouver son efficacité hors de tout doute auprès de Santé Canada. Je suis d’accord qu’il ne devrait pas y avoir la mention ¨régularise la glycémie¨ sur l’étiquette sans une preuve suffisante mais pourquoi ne pas au moins l’offrir comme supplément préventif aux consommateurs qui voudraient l’essayer. Je me pose donc la question, est-ce réellement pour protéger la santé des gens qu’il y a autant d’obstacles ou pour protéger le portefeuille des compagnies pharmaceutiques qui n’ont aucun intérêt à voir un produit naturel concurrencer les médicaments déjà prescrits …
Dino Halikas
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