LE POUVOIR DES ÉMOTIONS

passion-v13-carreAujourd’hui, les chercheurs en neurosciences, n’hésitent plus à traquer la tristesse, la joie ou l’amour dans les méandres du cerveau. 

Tenter de comprendre comment nos petits neurones produisent de si belles choses, ou de si vilaines, c’est s’interroger non seulement sur notre nature, mais également sur les fondements mêmes de la culture humaine.


De la réaction naturelle de survie à l’émotion

Les observations permettent de constater que même les organismes très simples éprouvent des émotions, c’est à dire des réactions naturelles, automatiques, qui les conduisent, directement ou indirectement, à préserver leur corps et à assurer son équilibre interne face à une menace. 

 

Tous les animaux ont les mêmes types de réaction face à une menace : la fuite, l’immobilité ou l’agression. Avant de fuir ou de figer sur place, il se produit des changements dans notre organisme : la distribution du flux sanguin se modifie, des hormones sont sécrétées…

C’est cette série de réactions, visibles ou non, qui constitue ce que l’on appelle  « émotion ». 

Une gamme d’émotions primaires et sociales

Les animaux disposent d’une gamme d’émotions primaires : la peur, le plaisir, la peine, la colère, la surprise, le dégoût… 

Les espèces animales dites complexes ont une gamme d’émotions sociales la sympathie, l’embarras, la honte, la culpa¬bilité, l’orgueil, l’envie, la gratitude, l’admiration, l’indignation, le mépris… 

Les oiseaux, les chiens, les singes, les humains ressentent l’émotion, c’est à dire qu’ils ont la possibilité d’établir une rela¬tion entre la réaction automatique de leur organisme et l’objet, l’événement, la per¬sonne qui en est à l’origine. 

L’émergence des sentiments

•    Le sentiment est la perception de l’émotion et de sa cause. 

Lorsque nous éprouvons de la tristesse, nous la percevons physiquement, mais nous avons aussi conscience de ce qui l’a suscitée: une mauvaise nouvelle, la perte d’un objet, la disparition d’un être cher. Les émotions sont des manifestations visibles ou détectables dans le corps (par dosage d’hormones ou par enregistrement des ondes). 

•    Les sentiments, eux, sont des images mentales, donc cachées… 

Ce sont en quelque sorte des idées du corps, la conscience d’un certain état du corps lorsque celui-ci est perturbé par un processus émotionnel. 

Confusion entre émotion et sentiment

Les deux, émotion et sentiment, sont intimement liés, et nous avons tendance à les confondre. Toutes les émotions peuvent devenir des sentiments à partir du moment où nous établissons cette relation de cause à effet entre les transformations de notre corps et ce qui les a suscitées. 

Pour qu’un animal primaire éprouve des sentiments, il faudrait qu’il existe dans son cerveau une cartographie de son organisme. C’est le cas chez l’homme : les différentes parties de notre corps sont représentées, un peu comme s’il y avait des cartes de correspondance. 

L’émotion peut aller directement au corps, susciter des réactions chimiques, des signaux dans les muscles, les viscères. Mais elle peut aussi, c’est la grande différence entre l’homme et l’animal, partir du cerveau lui-même, agir sur ces cartes de représentation du corps, et simuler en somme un état virtuel. 

Le cerveau et le système émotionnel de l’humain

Le cerveau reçoit en permanence des signaux de l’organisme tout entier, qui l’informent sur son état, via les nerfs, le réseau sanguin, et il réagit par des substances chimiques (quand le taux de glucose baisse, on ressent le besoin d’aller manger). 

Or, dans un cerveau complexe, où les informations reçues sont innombrables, ce système de détection a besoin d’une carte qui représente l’organisme, comme le schéma électrique d’un immeuble. C’est un avantage, car cela permet de répondre immédiatement et précisément aux demandes de l’organisme. 

De plus, celui-ci permet aussi d’établir une relation entre une réaction automatique du corps (l’émotion) et ce qui la provoque. La conséquence inattendue, ce sont les sentiments. 

Le pouvoir des sentiments humains

Les sentiments ont donc permis d’aller plus loin : un être « sentimental » peut mettre en mémoire différents épisodes émotionnels avec leur cause, il peut prévoir qu’un certain événement risque de provoquer une mauvaise émotion, il échappe à la tyrannie de l’automatisme et acquiert un certain sens du bon et du mauvais. 

Chez l’homme, les sentiments sont complexes et profonds parce que, à tout moment, notre cerveau peut se faire une idée de notre passé et de notre futur. Quand nous éprouvons une joie intense ou une profonde tristesse, celle-ci est toujours en relation avec ce que nous avons vécu ou ce que nous allons vivre. 

En cela, nous sommes très différents des animaux: les chimpanzés n’ont pas ce pouvoir de donner un sens à leur passé et à leur futur, ce qui limite forcément la profondeur de leurs sentiments. Et puis, bien sûr, il y a notre langage, qui donne une autre dimension. Avec les mots, nous pouvons faire des catégories, comparer, délibérer, choisir… 

Le pouvoir des émotions sur le cerveau

Grâce aux caméras à positrons, on peut visualiser les zones actives du cerveau à certains moments. On a découvert par exemple que l’amygdale cérébrale est liée au déclenchement de la peur et de la colère. Si vous vous trouvez nez à nez avec un ours, votre cortex visuel va envoyer des signaux à l’amygdale, qui déclenche la réaction de peur. 

Diverses expériences ont aussi été menées en demandant à des personnes sous scanner de penser à un épisode émotionnel de leur vie. Les constats ont révélé que certains ensembles de neurones sont mobilisés pour certaines émotions, que les cartes cérébrales de la joie sont différentes de celles de la tristesse. 

On peut même identifier des zones impliquées dans les processus d’excitation sexuelle et de désir, mais prétendre qu’il y aurait une région du cerveau spécifique à l’amour serait stupide. Ce sentiment met en jeu une infinité de choses. L’amour d’une personne, de la nature, ou d’une œuvre d’art, ne mobilise pas les mêmes cartes de neurones. 

La possible évolution des émotions primaires

Le monde animal est un peu moins éloigné de nous que nous le croyons. Il nous faut admettre que l’homme n’est que le prolongement de la longue histoire de l’évolution biologique animale, et que nous avons malgré tout beaucoup de choses en commun avec les animaux. 

Il reste que l’humain est  supérieur à l’animal. Supérieur par notre langage, notre mémoire organisée, notre mode de raisonnement complexe et notre capacité à utiliser nos sentiments pour inventer ces choses nouvelles que sont la Culture et l’Histoire. 

On peut donc intervenir sur les sentiments (la mère des émotions primaires et sociales), et par conséquence sur les comportements réactifs. Par exemple: 

•    Mieux connaître la genèse des émotions et des sentiments nous permettra aussi d’éclairer les conflits entre les individus, de réagir plus intelligemment aux manipulations dont nous pouvons être l’objet. 

•    Plus nous comprendrons le mécanisme cérébral des émotions, plus nous pourrons soulager les gens qui souffrent de dépression, syndrome qui se développe autour du sentiment de tristesse. 

•    Cela est également utile dans le traitement de la douleur: lorsque l’on souffre physiquement, on est aussi envahi par le sentiment de souffrance. 

Les bénéfices d’une santé émotionnelle

Il est clair que l’humain, pour mieux être,  doit se dégager de sa condition animale qui, elle, ne réagit pratiquement que par l’émotion. 

Ce que nous appelons « relations » ou « culture » ne vient que de nos cerveaux. C’est notre cerveau qui produit et véhicule des comportements, des romans, des poèmes, ou des maladies. 

Apprendre à connaître, développer et intégrer les liens entre nos différentes composantes apportera calme, sérénité et qualité de vie. Les stimuli et les aléas que la vie nous impose auront ainsi moins d’impact sur nous, nos comportements et notre environnement. 

•    Pour que les chocs émotionnels ne se traduisent plus en maux et maladies 
•    Pour en finir avec les scénarios fatalistes qui n’ont que peu de fondements scientifiques
•    Pour comprendre que tout mal n’est pas systématiquement issu d’une transmission génétique par chromosomes
•    Pour cesser d’accuser sa famille, ses proches et son thérapeute de son mal-être 
•    Pour que la vie ne soit plus une vallée de larmes mais une source de joie…

Il appartient à chacun de trouver ce qui l’anime le plus : sa passion, ses aspirations, le sens de sa vie. 

Pour éprouver de belles émotions il faut être branché sur sa passion.

Written by Arrsanté.ca
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