Ce qui distingue les Intolérances alimentaires des Allergies alimentaires
Une ambiguïté marquée subsiste lorsqu’il s’agit de faire la distinction entre les termes « allergie alimentaire » et « intolérance alimentaire ». Les gens utilisent d’emblée le vocable « allergie alimentaire » pour qualifier une réaction d’hypersensibilité qui engendre les symptômes classiques d’une allergie (par ex. urticaire, asthme, eczéma, etc.). Plusieurs emploient le terme « intolérance alimentaire » en faisant référence aux réactions différées d’hypersensibilité de type III aux aliments. Pour ces dernières, les symptômes se manifestent des heures, voire des jours après l’ingestion d’aliments et on les associe rarement ou vaguement à une allergie (par ex. syndrome du côlon irritable, migraine, dépression, fatigue, sentiment de ‘malaise général’).
Allergie alimentaire = Hypersensibilité à médiation immunitaire
L’allergie fait référence à une hypersensibilité associée à une réponse accrue du système immunitaire. La substance qui provoque cette réponse se nomme allergène et peut provenir d’une multitude de sources y compris les squames animales, la poussière, le pollen, les produits chimiques volatils ou les aliments. À l’origine, allergie signifiait « réaction modifiée ». Par la suite, on l’a définie plus étroitement comme étant une réaction immunitaire immédiate à une substance.
Hypersensibilité alimentaire = Allergie alimentaire
Cette définition limitée de l’allergie alimentaire n’a pas toujours fait l’unanimité puisque certains aliments provoquent des réactions différées déjà qualifiées d’ allergies alimentaires « retardées » ou « déguisées » par les médecins. Finalement, on a adopté le terme hypersensibilité pour définir toute forme de réponses du système immunitaire. Dans les années 60, Gell and Coombs ont répertorié quatre types d’hypersensibilité, tels que décrits plus bas. L’hypersensibilité alimentaire fait généralement référence aux mécanismes de type I ou de type III.
Type I (aussi appelé hypersensibilité immédiate) : ce mécanisme met en cause des anticorps fixés aux cellules, principalement des IgE liés aux mastocytes ou basophiles. Les liaisons à l’antigène engendrent une décharge de facteurs vasoactifs provenant de la cellule. Les fondements mêmes de l’anaphylaxie et de l’atopie.
Type II : ce mécanisme détruit les cellules (cytotoxicité) sous les effets de l’immunoglobuline et des compléments ou cellules cytotoxiques. On les rencontre dans les réactions transfusionnelles d’érythrocytes (ou globules rouges) et dans les cas d’anémie hémolytique allo-immune (ou maladie hémolytique). Voir aussi cytotoxicité cellulaire dépendante des anticorps.
Type III (aussi appelé complexe immun ou hypersensibilité subaiguë) : ce mécanisme provoque des dommages tissulaires ainsi que de l’inflammation par le dépôt de complexes antigènes-anticorps qui déclenchent les compléments et attirent les cellules polymorphonucléaires.
Type IV (également connu sous le vocable d’hypersensibilité retardée) : ce mécanisme met en cause des lymphocytes T sensibilisés qui interagissent avec les anticorps cellulaires ou anticorps associés. Les lymphokines sont libérées ce qui engendre une accumulation de cellules, du dommage tissulaire et de l’inflammation, le tout se manifestant généralement 24 heures au moins suivant l’exposition à l’antigène.
Hypersensibilité de type I médiée par des anticorps IgE
L’immunoréactivité médiée par des anticorps IgE s’est transformée en ensemble de mécanismes permettant à un organisme de se défendre contre une substance étrangère (antigène) menaçant son intégrité. La plupart des vers parasites ainsi que certains parasites protozoaires évoquent une réaction médiée aux IgE. En règle générale, le système immunitaire considère les molécules d’origine alimentaire comme étant « inoffensives » et permet leur passage dans l’organisme. Ce mécanisme apparaît dès la première enfance et on le surnomme tolérance immunitaire. Mais dans le cas d’allergie alimentaire de type I, les molécules d’origine alimentaire – habituellement des protéines – sont considérées comme « étrangères » par le système immunitaire et des anticorps IgE à ces protéines, qu’on appelle alors antigène ou allergènes, sont formés. Ces anticorps IgE se lient aux mastocytes qui contiennent des granules remplies de puissants médiateurs de l’inflammation, tels que l’histamine et les cytokines. Lors de l’ingestion suivante d’un allergène alimentaire ou trophallergène, ce dernier se fixe aux anticorps IgE sur les mastocytes déclenchant un phénomène de dégranulation : les mastocytes libèrent leurs substances chimiques inflammatoires dans le milieu environnant et survient alors une réaction inflammatoire complète.
Voici certains des nombreux symptômes de l’allergie de type I :
- Peau : rougeur, enflure (œdème), prurit, éruption cutanée, urticaire
- Voies respiratoires : production excessive de mucus, œdème, toux, respiration sifflante, dyspnée (essoufflement), rhinite, éternuement, bronchospasme
- Yeux : œdème sous les yeux (« cernes » d’allergie), rougeur, prurit
- Tractus digestif : indigestion, gaz intestinaux, ballonnements, diarrhée, vomissements, crampes
Hypersensibilité de type III médiée par des anticorps IgG
En général, la paroi interne du tractus intestinal est conçue pour empêcher l’absorption des molécules d’origine alimentaire n’ayant pas été suffisamment décomposées lors de la digestion. On appelle ce phénomène : barrière intestinale. Or, cette barrière intestinale pourrait s’affaiblir lors du « syndrome de l’intestin poreux » : une réaction d’origine inflammatoire qui survient dans l’intestin. Et cet affaiblissement donnerait lieu au passage, dans la muqueuse intestinale et la circulation sanguine, de molécules d’origine alimentaire insuffisamment digérées. Là, ces molécules se lieraient aux anticorps IgG pour former des complexes immuns, circuleraient à travers l’organisme causant des affections d’origine inflammatoire. L’hypersensibilité de type III peut toucher n’importe quels systèmes et appareils de l’organisme et être à l’origine d’une pléthore de symptômes y compris le syndrome du côlon irritable , la migraine, la dépression, la fatigue ainsi qu’un sentiment de ‘malaise général’ tel que décrit par bon nombre de patients.
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